Avis:
Je ne sais par quoi débuter pour décrire ce sublime manga. (Mais je sens que ça va être long, donc accrochez vos ceintures!)
Allez!! Parlons d'abord de l'histoire générale.
Le résumé ne casse pas (tant que ça) des noix, et certains lecteurs s'attendraient peut-être à faire face à un banal manga traçant la vie tout aussi banale d'une famille d'Asie Centrale à la fin du XIXème siècle. Néanmoins, ces évènements qui se déroulent dans un pays étranger pour nous petits occidentaux, offrent déjà un cadre exotique aux yeux du lecteur. Le fait même que l’histoire prenne place au XIXème accentue cela: le lecteur découvre comme Amir Hargal, quelque chose qui lui est nouveau.
Bien évidemment, il s’agit d’un ordre d’idées différents, mais il est intéressant de s’apercevoir que la belle-famille de la jeune épouse s’étonne des habits que celle-ci revêt alors que de notre côté, nous ne voyons pas vraiment de réelles distinctions entre ce que les uns ou les autres portent. L’histoire qui est assez simple au premier abord (possible qu’elle se complexifie légèrement au-fur et à mesure de la relation entre Amir et Karluk Eython) n’en pas moins intéressante. Le lecteur suit simplement et aisément le fil de l’histoire, et vit la vie d’Amir et de chaque personnage.
N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les voir en grands!^^
Ainsi, le quotidien des habitants devient le nôtre et nous nous attachons au personnage d’Amir qui est une jeune femme forte, déterminée et aimante. Chaleureuse, tout comme sa belle famille, le lecteur ne peut que s’éprendre (enfin, s’il partage mon avis) de ce personnage principal qui n’a que pour seules quêtes la réussite et l’accomplissement d’un heureux ménage.
Les autres personnes qui l’entourent ne sont pas non plus mis de côté, son intégration au sein de la famille ce fait assez rapidement, (Étant mariée cela paraît logique, d’autant plus que toute la famille vit sous le même toît) ce qui permet de distinguer assez tôt les divers protagonistes du manga. Leur personnalité ne sont pas toutes détaillées mais qu’importe, chaque personnage a son importance au sein de la famille et du manga, et tous apparaissent de façon régulière. Une chose est certaine: aucun ne sera véritablement laissé en arrière.
De ce fait, nous découvrons plus tard dans l’œuvre une grand-mère qui en a dans le ventre et qui est capable de tout pour protéger les siens. Elle fait preuve de sang-froid face aux difficultés qui se présentent, et d’amour envers sa belle-fille.
L’un des enfants de la famille Eython, le dénommé Rostram, se distingue aussi dans le premier tome pour son goût pour la sculpture, lorsqu’il rencontre un homme âgé qui occupe son temps à construire les fondations (et leurs magnifiques ornements) d’une maison.
Le lecteur est ici pris à parti et « s’instruit » : la curiosité du petit Rostram lui permet donc d’en découvrir davantage sur un savoir-faire artistique et pratique pour les habitants du XIXème siècle en Asie Centrale.
Là se trouve donc l’un des intérêts de ce manga:. Kaoru Mori ne se contente pas de nous présenter une famille de l’époque ainsi que sa façon de vivre: elle le réalise par le biais des expériences de ses personnages. Elle nous dresse par conséquent un portrait de famille probablement fidèle à l’époque; l’aspect historique est donc fortement présent mais n’alourdit pas le récit puisqu’il s’inscrit dans l’univers familial et sociale qu’elle nous dépeint avec finesse et rigueur.
En outre, le style graphique de l’auteur, splendide, ancre avec recrudescence le récit dans cette fameuse dimension historique et dresse un éloge au travail de ces hommes du XIXème siècle. Ou peut-être est-ce simplement moi qui voit là un éloge à cette approche culturelle merveilleusement retransmise par le talent de la dessinatrice?
Splendide! *o*
Eloge à tout art manuel certes: cuisine (le pain fabriquée par les femmes), la sculpture sur bois ou encore l’art traditionnel du tissage etc., mais aussi éloge possible d’une manière de vivre.
Pour ma part, j’applaudis la beauté du dessin qui insère davantage le lecteur au sein de ce récit poétique qui nous transporte aux côtés de la famille Eython.
Attardons-nous d'ailleurs sur l'art de la broderie, tradition qui revient aux femmes et qui soulignent sa valeur lors de son mariage. Tileke, petite fillle que la broderie ennuie, ne va pas tarder -tout comme nous- à constater la beauté de ce travail:
La facture si précise de l’auteur fourmille de détails. Les traits faciaux des personnages n’ont rien d’extraordinaires bien qu’ils soient agréables, mais il en est autrement de leurs parures, des paysages, et du moindre objet qui nous apparaissent avec une minutie incroyable. Nous comprenons le travail de Kaoru Mori ainsi que le dur labeur que représente une telle œuvre. Ce manga est un véritable écho à ce qu’elle nous fait voir.
Enfin, j’aimerais parler de Smith, cet « aventurier » anglais qui, comme nous, observe de ses yeux ignorants et naïfs la vie et le travail de ses hôtes. Nous sommes comme lui, des doubles de Smith, ce dernier s’interrogeant et s’étonnant de tout comme nous le ferions si nous étions dans son cas. Ainsi, cette mise en abyme du lecteur offre un parfum d’humour à la fraîcheur qu’apporte déjà ce manga. Certaines de ses réactions peuvent nous faire sourire; et nous réalisons avec bonheur que ce personnage fait partie intégrante de la famille.
Vous l’aurez compris, la lecture de ce premier tome m’a enchantée! A tel point que je me suis jetée voracement sur la suite (merci ô scans vénérés! >v<)
Ce manga est une pure merveille qui s’est vu dans l’obligation d’atterrir dans ma bibliothèque.
La relation des deux jeunes mariés est touchante, la famille solidaire, sympathique et amusante.
Ajouté à cela un talent graphique à couper le souffle: mais qu’attendez-vous donc pour lire « Bride Stories »?
Alors? Vous laisserez-vous tenter par la curiosité et le désir de connaissances comme l’a fait Smith?